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Haïti-Education : Une rentrée scolaire 2008-2009 sur fond de difficultés économiques et sociales, après les intempéries de l’été

AlterPresse
lundi 6 octobre 2008
par Ronald Colbert



P-au-P, 06 oct. 08 [AlterPresse] --- La rentrée académique scolaire 2008-2009 s’effectue ce lundi 6 octobre 2008 en Haïti sur fond de difficultés économiques et sociales, surtout après la catastrophe enregistrée pendant l’été avec le passage de 4 cyclones successifs (Fay, Gustav, Hanna et Ike) sur tout le territoire national.

“La situation devient de plus en plus difficile tous les ans. Les frais scolaires ont été augmentés de nouveau”, se plaint une mère de famille de la capitale interrogée par l’agence en ligne AlterPresse.

Cette parente d’élèves, qui n’a pas été sinistrée dans les dernières intempéries, affirme se casser la tête afin de trouver les ressources nécessaires pour envoyer ses enfants en classe pour cette nouvelle année académique scolaire.

Tel n’est pas le cas pour cet homme dans la quarantaine qui, stoïque, informe ne pas disposer, pour le moment, de fonds suffisants pour emmener ses 3 enfants à l’école.

“Ce matin 6 octobre, c’est bien la rentrée officielle des classes. Mais, je n’ai pas encore trouvé les moyens pour envoyer mes 3 enfants en classe”, déclare-t-il.

Le report d’un mois, pour cause d’intempéries, de la rentrée scolaire 2008-2009, initialement prévue pour le 1er septembre, semble plutôt avoir retardé l’échéance, difficile, pour beaucoup de parents.

A Port-au-Prince, dès 5:00 am locales (10:00 gmt), beaucoup d’enfants, revêtus d’uniformes divers, ont commencé par gagner les rues en direction de leurs établissements scolaires spécifiques.

En certains endroits, les bouchons ont réapparu à nouveau très tôt dans la matinée du lundi 6 octobre. La circulation tend à devenir plus dense, vu que la majorité des écoles se concentrent au centre-ville et que les parents doivent se débrouiller pour prendre un tap ou autre transport public et éviter tout retard, surtout pour cette première journée de reprise des activités scolaires académiques.

Pour bon nombre de parents, l’augmentation des frais scolaires et des prix des autres biens essentiels rend problématique la rentrée de la semaine du 6 octobre 2008 et par ricochet la nouvelle année académique.

Malgré une baisse, sur le marché international, des prix des produits pétroliers, le gouvernement du 5 septembre 2008 n’a pas encore décidé de réduire, en contrepartie, le prix par gallon à la pompe. Les tarifs des transports publics, revus à la hausse il y a quelques mois, sont maintenus sur tout le territoire national.

Cependant, plusieurs élèves ne pourront pas faire le déplacement vers leurs écoles cette semaine, tant leurs familles ont été durement éprouvées (pertes de matériels scolaires, d’actes de naissance et autres pièces d’identité, d’uniformes et de biens divers) par le passage de 4 cyclones successifs sur le pays en août et septembre 2008.

La ville des Gonaïves (la plus affectée du pays par les récentes intempéries) et plusieurs localités du département de l’Artibonite (Nord), où les établissements scolaires ont servi d’abris provisoires pendant la période des pluies, éprouvent des difficultés pour accueillir écolières et écoliers, dont un fort pourcentage a été sinistré. De plus, les cours et les classes ne sont pas encore nettoyés.

La rentrée scolaire 2008-2009 ne devait pas avoir lieu ce 6 octobre 2008 dans beaucoup d’autres zones du pays cause des dégâts causés par les inondations d’août et de septembre 2008, suivant les données fournies par les branches locales de l’Union nationale des normaliens haïtiens (Unnoh).

Sur 795 établissements scolaires publics endommagés, 109 doivent êtres reconstruits et 686 réhabilités à partir de fonds de l’Etat.

Ce sont environ 400 000 enfants qui risquent de ne pas se rendre en classe en 2008-2009, selon des chiffres avancés par le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp), dans un message de circonstance à l’occasion de la rentrée du 6 octobre.

Cependant, le programme gouvernemental de subvention scolaire, y compris les cantines scolaires dans les écoles publiques et privées, sera renforcé pour l’année scolaire 2008-2009, tandis que les frais d’écolage sont supprimés en classe de première année fondamentale dans les écoles nationales, annonce le ministère de l’éducation nationale.

Pour 2008-2009, le programme de subvention scolaire, dans un premier temps géré par la présidence et dans un second temps par le bureau du premier ministre, a été rapatrié au ministère de l’éducation, par décision de la nouvelle cheffe de gouvernement Michèle Duvivier Pierre-Louis. En 2007-2008, certains inspecteurs nationaux de l’éducation nationale auraient soutiré jusqu’à 40% de commissions (tentatives de corruption) de directions d’établissements scolaires publics sur les subventions scolaires gouvernementales, rapportent des parents à AlterPresse.

Le programme de distribution de kits scolaires sera symboliquement lancé ce lundi 6 octobre 2008, au cours d’une visite de deux établissements scolaires publics, dans la capitale, par la Première ministre Pierre-Louis et le titulaire de l’éducation Joël Desrosiers Jean-Pierre.

Le Menfp appelle à la solidarité nationale dans le cadre de l’ouverture de la nouvelle année académique scolaire et promet la création d’un groupe de travail sur la condition des enseignantes et enseignants. Celles et ceux, prêtant leurs services dans le secteur public, devront recevoir un 14 e mois de traitement.

Quoi qu’il en soit, les interventions à entreprendre globalement sont immenses pour ramener l’ensemble des enfants en âge scolaire en classe pour l’année académique 2008-2009.

La nouvelle rentrée scolaire, ce 6 octobre 2008, est marquée par des difficultés économiques d’autant plus énormes que les prix de divers biens étaient en hausse depuis 2007-2008, que la production agricole se trouve sérieusement frappée par les intempéries et qu’une rareté de produits agricoles (conséquence de la dévastation des champs et de la décapitalisation des exploitants) risque d’affecter le marché national.

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