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"La misère haïtienne, incompatible avec la stabilité et la sécurité", selon le chef de la MINUSTAH

Hédi Annabi prévient la communauté internationale des "risques élevés de nouvelles violences" si le développement économique et social du pays n’est pas sérieusement envisagé


Radio Kiskeya
vendredi 10 octobre 2008


Le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour Haïti et chef de la Mission de stabilisation (MINUSTAH), Hédi Annabi, a mis en garde vendredi à New York contre de nouveaux conflits violents que pourrait provoquer la faim en appelant, avec insistance, la communauté internationale à favoriser "la stabilisation et le développement économique et social" du pays.

S’exprimant lors d’une conférence de presse au siège des Nations Unies, le diplomate tunisien a rappelé que la MINUSTAH est une force de stabilisation dont le mandat consiste à "garantir la sécurité dans le pays et à l’aider à reconstruire les institutions d’un État de droit". Il a fait savoir que la stabilité doit avoir inévitablement une dimension économique et sociale et a jugé que "la misère de la population haïtienne n’est tout simplement pas compatible avec la stabilité et la sécurité".

Visiblement inquiet, il a estimé que tous les efforts déployés seraient voués à l’échec si les efforts déployés ne s’accompagnent pas de "progrès dans les domaines social et économique. "Une mission comme la MINUSTAH peut créer un environnement favorable en termes de sécurité, mais le développement social et économique dépend, quant à lui, de l’aide multilatérale et bilatérale", a fait remarquer le représentant de Ban Ki-moon qui, tout en souhaitant un effort de reconstruction massif, s’est félicité de la décision de la Banque Mondiale d’accorder jeudi à Haïti une aide d’urgence de 25 millions de dollars.

"Haïti est à un carrefour de défis et d’espoirs", a martelé une fois de plus Hédi Annabi, décrivant la dramatique situation actuelle après le passage consécutif de quatre cyclones ayant fait en août et septembre plus d’un millier de morts et disparus, 800.000 sinistrés et des destructions massives. La ville des Gonaïves (Artibonite, nord), la plus touchée, est "une dévastation incroyable qui projette une image proche de l’enfer sur terre", a déclaré le numéro un de la mission onusienne qui s’est rendu à plusieurs reprises dans la région.

Il a aussi précisé que la MINUSTAH avait mobilisé toutes ses ressources depuis les dernières intempéries, citant les opérations d’évacuation, la fourniture d’une aide médicale d’urgence, le rétablissement des infrastructures détruites et la distribution de l’aide humanitaire. Les casques bleus continuent à apporter un soutien logistique et la sécurité aux institutions humanitaires, a poursuivi M. Annabi, reconnaisant toutefois que les capacités de la force onusienne étaient "très en-deçà des besoins".

"Nous sommes dans un environnement mondial difficile avec d’énormes demandes", soutient-t-il, laissant cependant entendre qu’un effort de reconstruction massif d’Haïti n’exige pas des ressources énormes alors qu’il aurait l’avantage de contribuer à "préserver les acquis et à prévenir les coûts d’une nouvelle crise".

Saluant le déblocage, après les émeutes de la faim d’avril dernier, d’une impasse politique longue de cinq mois qui a précédé l’arrivée en août du Premier ministre Michèle Pierre-Louis, le chef de la MINUSTAH a également déclaré que le lourd héritage post-cyclonique avait donné naissance à une "nouvelle forme de solidarité de la classe politique, de la société civile et du secteur privé".

A New York où il a présenté mercredi le dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU sur Haïti dans lequel Ban Ki-moon sollicite le renouvellement pour une année supplémentaire du mandat de la MINUSTAH, Hédi Annabi a eu avec les membres du Conseil de sécurité des discussions qualifiées de "très bonnes et très constructives". Le Conseil procède actuellement à la finalisation d’un projet de résolution qui devrait confirmer, la semaine prochaine, le maintien jusqu’au 15 octobre 2009 des casques bleus déployés en Haïti.

Forte de 9.000 militaires et policiers internationaux, la MINUSTAH, maintes fois critiquée par la population pour son inefficacité, est placée sous commandement brésilien.

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