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Haïti-Nations Unies : Sensibilisation autour de la ratification du pacte sur les Droits économiques, sociaux et culturels

P-au-P, 10 oct. 08 [AlterPresse] --- Une campagne nationale sur l’accès à l’eau potable doit s’ouvrir, ce 10 octobre 2008, à Port-au-Prince pour sensibiliser les autorités haïtiennes sur l’adoption de mesures garantissant les droits économiques, sociaux et culturels (Desc) de la population, selon les informations communiquées à l’agence en ligne AlterPresse.

A Port-au-Prince, cette campagne sera entamée, ce 10 octobre, avec une conférence-débat à la Faculté de droit et des sciences économiques (FDSE) autour du Desc. Les professeurs Azzouz Kerdoun (Algérie) et Denis Régis (Haïti) seront les deux principaux intervenants.

Organisée dans le cadre de la célébration du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme (10 décembre 1948 – 10 décembre 2008), cette campagne est une initiative de la section des droits humains de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah).

Elle est soutenue par la cellule « Eau et Assainissement » du ministère haïtien des travaux publics, le Haut commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme, les branches nationales du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) et du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud).

Par cette campagne, les organisateurs veulent « informer le public que le droit à l’eau potable est un droit de l’homme ».

« Ce droit impose des obligations à l’Etat dans les pays en développement de prendre des mesures pour améliorer l’accès à l’eau potable dans la limite de ses possibilités et de manière progressive », précise Sonia Bakar, cheffe adjointe de la section des droits humains à la Minustah.

En Haïti, le droit à l’eau potable est loin d’être assuré à l’ensemble de la population.

En ville, les habitants sont forcés d’acheter un seau d’eau (de 5 gallons) à 5 gourdes (US $ 1.00 = 40.50 aujourd’hui) quand ils ne parcourent pas plusieurs kilomètres pour obtenir le précieux liquide dans des fontaines publiques.

Par exemple, divers quartiers de la municipalité de Delmas, dans la zone métropolitaine de la capitale, ne reçoivent pas l’eau potable dans leurs robinets depuis plus de 3 mois sans explication de la Centrale autonome métropolitaine d’eau potable (Camep). A la capitale même, de nombreux quartiers ne sont pas approvisionnés en eau potable par la Camep depuis début 2008.

De plus en plus, les compagnies de vente d’eau potable à 6.00 gourdes le gallon tendent à s’étendre un peu partout à travers Haïti depuis 2004.

En province et notamment dans les sections communales, le trajet est long pour les habitants afin de s’approvisionner en eau potable, car les systèmes d’adduction font défaut en plusieurs endroits.

Ce sont les enfants (filles et garçons) ainsi que les femmes qui s’occupent généralement de l’alimentation en eau potable des ménages en ville et en province.

La campagne nationale sur l’accès à l’eau potable et la nécessité de l’adoption du pacte sur les droits économiques, sociaux et culturels, qui doit durer deux mois (octobre à décembre 2008), vise également à encourager le Parlement haïtien à voter la loi sur l’eau et l’assainissement, l’allocation d’une somme plus importante à l’amélioration de l’accès à l’eau potable et la ratification du pacte sur les droits économiques, sociaux et culturels.

Sur les 192 pays membres des Nations Unies, seulement 159 ont ratifié le pacte sur les droits économiques, sociaux et culturels.

« Nous encourageons l’Etat haïtien à ratifier ce pacte. Je pense que ce pacte décrit une série de droits qui sont des droits importants », indique le professeur Azzouz Kerdoun, membre du comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies.

Le professeur Kerdoun suggère à l’Etat haïtien de conjuguer ses efforts en vue de garantir, entre autres, les droits à l’éducation, à la santé, au travail, à la nourriture et au logement de la population.

Docteur en droit public de l’Université de Montpellier (France), Azzouz Kerdoun admet qu’aucun Etat ne peut, en un tournemain, garantir tous ces droits. Cependant, il croit nécessaire de faire des efforts pour garantir ceux qui sont les plus indispensables.

« L’Etat doit faire des efforts pour construire des dispensaires, pour construire des hôpitaux, mais il n’est pas obligé de [[es] garantir systématiquement et immédiatement. C’est progressivement en fonction de ses revenus, en fonction de ce qu’il peut avoir comme moyens », soutient Azzouz Kerdoun.

Des organisations sociales haïtiennes, telles le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr), l’Union nationale des normaliens haïtiens (Unnoh), la Plate-forme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), ont souvent préconisé des dispositions étatiques pour garantir les droits économiques, sociaux et culturels considérés comme inaliénables, à côté des droits civils et politiques.

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