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Haïti-Education : pénible rentrée des classes malgré le mois de sursis

HPN
Posté le 6 octobre 2008

En dépit du mois de sursis accordé aux parents, certains ne sont toujours pas prêts pour la rentrée. Jusqu’à aujourd’hui, quelques uns tentaient encore en vain de faire inscrire leurs protégés dans les établissements publics.


C’est le cas de Marie-Josée Etienne, une mère à charge de cinq enfants et d’un petit-fils. Sur le seuil de la direction de l’école, elle attend une chemise en main le titulaire du Lycée Nationale de Pétion-Ville, Hérold Latortue. Dans sa chemise se trouve une lettre paraphée par un sénateur de la République qui recommande son fils au directeur de l’établissement. Cette femme vient réclamer pour une énième fois la bénédiction de ce dernier.

« Je suis une marchande de pain, mon mari est mort cela fait neuf ans. Maintenant c’est devenu plus compliqué pour moi car la mairesse de Pétion-Ville ne veut plus nous voir sur le trottoir, confie-t-elle en présence de son fils de 19 ans, l’air inquiet. Je ne peux plus payer les écoles privées, surtout la classe de philo. A plusieurs reprises, j’ai présenté la lettre au directeur, mais c’est en vain. »

Ce dernier qui semble préoccupé à faire autres choses, ignore la présence de Marie-Josée et des autres parents également qui l’attendent pour ces mêmes questions car dans les salles de classe de cette école, tout l’espace est occupé par des bancs et des chaises laissant à peine quelques centimètres devant le tableau pour les va-et-vient du professeur.

« Nous sommes restés sur la cour, il n’y pas de place pour nous dans la salle de classe, avoue une élève de terminale assise sur un banc sur la cour. Ma mère est une couturière et mon père ne fait rien de trop sérieux, leurs revenus ne leur permettront jamais de payer notre scolarité. »

Pour ce qui est des frais de scolarité, les parents et les élèves ne sont pas les seuls à se plaindre. Les directeurs aussi se mettent de la partie. Selon ces derniers, ils sont victimes du comportement du ministère de l’Éducation nationale quand l’institution a choisi de publier les résultats des examens officiels sur Internet.

« Quand, en fin d’année académique, les parents viennent vers nous pour nous expliquer qu’ils n’ont pas toute la balance qu’ils nous doivent, par sensibilité nous accordons les fiches d’examens aux enfants espérant qu’ils reviendront vers nous pour acquitter de leur dette. Mais ceux-ci vont chercher les résultats sur le net et disparaissent », relate Luckner St Juste, directeur du Collège Vision Caraïbéene.

Il poursuit pour dire que les écoles privées se transforment petit à petit en semi-lycée car les parents réclament tous, sinon presque, une demi-bourse pour leurs progéniture. Il souligne également qu’un nombre important d’élèves a regagné les classes sans avoir payé les frais d’entrée.

Pour leurs parts, les écoliers se réjouissent de regagner les salles de classe après avoir passé près de 120 jours de vacances dans un contexte assez pénible. « Ces vacances étaient vraiment tristes pour moi. J’ai perdu deux de mes amies aux Gonaïves et à Miragoâne suites aux inondations qui ont ravagé le pays », soutient une lycéenne.

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