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Haiti-Santé : Soixante dix-huit nouvelles infirmières au chevet d’un pays malade

HPN
Posté le 30 septembre 2008

78 infirmières de la promotion Victoria (2003-2005) de l’ENIP ont été graduées le dimanche 28 septembre. Gabriel Timothée du MSPP a placé cette graduation dans le contexte difficile d’un pays malade, ravagé par les dernières intempéries.

Par Jonel Juste


La cérémonie a eu lieu dans le cadre sélect du Karibe Convention Center (Juvénat, Pétion-ville) où les nouvelles graduées de l’Ecole nationales d’Infirmières de Port-au-Prince (ENIP), toutes de blanc vêtues, ont reçu les parchemins couronnant trois ans d’études dans des conditions difficiles.

La cérémonie de graduation des étudiantes de l’ENIP s’est déroulée en présence des membres de leurs familles et amis, ainsi que des officiels tels que la marraine de la promotion, la ministre à la Condition féminine Marie Laurence Jocelyn Lassègue, le directeur général du ministère de la Santé publique et de la population, Gabriel Timothée, le recteur de l’Université d’Etat d’Haïti, Jean-Vernet Henry, la doyenne de la Faculté de Médecine, Gladys Prosper, et d’autres personnalités qui ont rehaussé l’éclat de la cérémonie par leur présence.

Dans son allocution, Gabriel Timothée a placé la graduation de la nouvelle promotion d’infirmières dans le contexte désastreux des dernières intempéries qui ont ravagé Haïti. M. Timothée a annoncé aux récipiendaires que la tâche sera rude dans un pays menacé de toutes sortes d’épidémies après les passages de 4 cyclones successifs.

Huit départements sur dix sont touchés par les récents sinistres et des milliers de gens vont avoir besoin de soins, a rappelé le directeur général du MSPP qui a exhorté les nouvelles graduées à faire preuve de patience et d’abnégation et surtout s’adapter à des circonstances délicates.

Gabriel Timothée a en outre invité les récipiendaires à suivre l’exemple de Florence Nightingale, figure historique anglaise qui a dû soigner des malades sur les champs de bataille, et considérée aujourd’hui comme la pionnière des infirmières. « Par analogie [à la guerre], vous aurez à travailler dans des circonstances spéciales et participer au processus de la réhabilitation nationale», a indiqué le directeur général.

La ministre Marie Laurence Jocelyn Lassègue a elle aussi exhorté les infirmières à s’armer de patience et de courage, de se donner pour guide la compassion, la compétence et le don de soi.

«Soyez à l’écoute de vos patients» a conseillé la ministre à la Condition féminine tout en soulignant les mauvaises conditions dans lesquelles évoluent ces jeunes femmes exerçant un métier ingrat, parfois sous-estimé. «Vous avez choisi un métier difficile dans un pays difficile».

Mme Lassègue a aussi mis l’accent sur le rôle des accompagnateurs des 78 jeunes graduées, les parents, les amis, les voisins, les proches en diaspora qui se sont sacrifiés pour qu’elles puissent boucler leurs trois d’études.

«Nous serons toujours prêts à vous accompagner et à conserver intact l’idéal de votre métier», a conclu Marie Laurence Jocelyn Lassègue.

La cérémonie s’est poursuivie avec les allocutions d’autres personnalités comme Calixte Clérismé, parrain de la promotion Victoria et de Marie Yolande Nazaire, directrice de l’ENIP. L’une des étudiantes, Graciéla Cadet, a retracé l’histoire de la promotion et expliqué le nom de Victoria qui est attribué. Victoria comme une victoire remportée après trois ans de lutte et de toutes sortes de privations, a-t-elle indiqué.

La cérémonie a été également marquée par la passation de flamme, ainsi que par la remise des parchemins aux cinq premières lauréates : Daphenide St-Louis (2e), Ruth Roc (3e), Stéphanie St-Louis (4e), Arnold Ghismonde (5e) et Marie Schillem Jean François la lauréate des lauréates à qui la ministre Marie Laurence Jocelyn Lassègue a promis au Karibe une bourse pour le Canada.

D’ailleurs, l’un des moments d’émotion de la cérémonie de graduation a été le discours de la lauréate des lauréates qui a remercié Dieu ainsi que sa mère qui a survécu à six opérations chirurgicales pour voir réaliser le rêve de sa fille. «C’est l’œuvre de Jésus», n’arrêtait pas de répéter quelqu’un dans la salle, probablement un proche parent.

Il ne faut pas oublier la partie culturelle de la cérémonie dans laquelle est intervenu Hérold Germain dans un récital de saxophone. Les infirmières ont aussi démontré qu’elles avaient d’autres talents. Telles Nathalie Morency, Ruth St-Aimé, Johanne Juste et Therline Deshommes qui ont interprété avec brio «I believe in you» de Céline Dion.

Pour paraphraser Cléante dans le «Malade imaginaire» de Molière, disons qu’elles font merveilles et que si ces demoiselles sont aussi bonnes soignantes qu’elles sont chanteuses, il y aura plaisir à être de leurs malades.

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