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Malpasse : La vulnérabilité d'une voie stratégique

Source: United Nations Stabilization Mission in Haiti (MINUSTAH)
Date: 30 Aug 2008

Haïti/Port-au-Prince – La principale route reliant Haïti à la République Dominicaine passant par le poste frontalier Malpasse avait été coupée pendant plus de 24 heures suite au passage de l'Ouragan Gustav sur Haïti. Une nouvelle fois, la vulnérabilité de cette route si importante pour les échanges entre les deux pays a été mise à nue.

Pendant plus de 24 heures, le trafic routier entre Haïti et la République Dominicaine a été suspendu suite au passage de l'ouragan Gustav sur l'île d'Haïti. En effet, au niveau du poste frontalier de Malpasse, dans l'Ouest d'Haïti, toute circulation a été impossible dans la journée du 27 aout en raison des dommages causés au ponceau enjambant une brèche de la rivière Blanche.

Toute la localité de Bonnet a été inondée. Le ponceau permettant aux véhicules de traverser la rivière a été submergé.

L'impraticabilité de la route a occasionné l'annulation des voyages des bus assurant le trajet Port-au-Prince/ Santo Domingo ainsi que l'arrêt pendant au moins un jour des échanges via ce poste entre les deux pays.

Opinant sur les conséquences de l'impraticabilité de la route menant à Malpasse sur le commerce transfrontalier, le Vice-président de la Chambre de Commerce et de l'Industrie (CICH), Robert Labrousse, a fait remarquer que cette situation a eu non seulement des effets sur «le secteur commercial dont les commandes sont bloquées mais aussi sur l'ensemble du pays puisque, à l'occasion, l'Etat perd des taxes qui n'ont pas pu être collectées ».

Pourtant, au niveau des autorités étatiques, des dispositions avaient été prises pour sécuriser le ponceau et le rendre ainsi moins vulnérable aux intempéries. Ainsi, depuis plus d'un mois, des travaux d'endiguement sont faits en amont de la rivière. «Cependant, la tempête nous a surpris et a détruit le travail qui était en train d'être fait», comme le souligne le directeur exécutif de la Commission de Développement Frontalier, Max Antoine.

Le Ministère des Travaux publics Transports et Communication (MTPTC) a néanmoins repris rapidement les travaux après le passage de l'ouragan. L'eau a été détournée et la brèche a été colmatée. Aussi, la route a-t-elle été de nouveau praticable en fin de matinée du 28 aout.

Pour des entretiens réguliers

La route passant par le poste frontalier de Malpasse est la principale voie de communication terrestre entre Haïti et la République Dominicaine. En moyenne 300 à 400 personnes empruntent quotidiennement cette route en période régulière. Pendant les saisons de fête, le flux peut atteindre 800 personnes.

«Cette route est très importante à plus d'un points de vue. Non seulement elle permet des échanges commerciaux de l'ordre de 100.000.000 de dollars par an, mais elle est aussi un élément important pour la sécurité des deux pays », a indiqué Max Antoine.

Le vice-président de la Chambre de Commerce et de l'Industrie, Robert Labrousse croit également le trafic transfrontalier est d'une importance vitale, notamment pour les petites et moyennes entreprises du secteur informel dont le volume des importations reste important. Aussi fustige-t-il le « comportement de sapeurs pompiers » des pouvoirs publics.

Ces derniers, dit-il, connaissent «la vulnérabilité du pays au niveau des infrastructures routières, ainsi que la capacité du ponceau de Bonnet et d'autres ouvrages qui méritaient d'être renforcés. Ils devaient prendre les mesures nécessaires pour empêcher qu'une route aussi stratégique soit impraticable à la moindre averse ».

L'homme d'affaires préconise un « entretien permanent des routes et des ponts » et invite les autorités à rompre avec l'habitude consistant à «inaugurer en grande pompe des ouvrages et à les laisser disparaitre ensuite faute d'entretien ».

Des réalisations et des projets

La MINUSTAH en support aux efforts de l'Etat haïtien visant à sécuriser cette voie stratégique a fourni une aide matérielle au MTPTC en vue de protéger le ponceau Bonnet. En effet, le 31 juillet 2008, des tonnes de gabion estimées à 300.000 dollars américains ont été données au MTPTC pour les travaux relatifs au pont. Ces travaux étaient en cours avant le passage de l'ouragan.

«Nous avons également proposé une aide technique au MTPTC et nous sommes disponible aussi tôt qu'il la sollicitera », a indiqué Jens Kistensen du Bureau des Affaires civiles de la MINUSTAH.

Par ailleurs, Max Antoine a informé que les autorités haïtiennes sont en train de réfléchir sur un projet de construction d'une autre route qui serait située sur la berge nord du Lac Azuei, limitrophe aux deux pays, la route de Malpasse étant elle-même sur la berge sud. D'autres informations du MTPTC font également état de la construction d'un autre pont.

L'Ouragan Gustav aura révélé la vulnérabilité de la voie stratégique Port-au-Prince / Malpasse. Il aura également dévoilé la celle des autres infrastructures routières. Mais par-dessus tout, il a mis en relief la situation de fragilité du pays au niveau environnemental.

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