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Haïti-Société: devenir policier : vocation ou nécessité ?

HPN
Posté le 25 septembre 2008

L’engouement pour la profession de policier dépasse l’entendement. A l’occasion des inscriptions pour le recrutement d’une nouvelle promotion, les jeunes ont répondu massivement. Les raisons évoquées par ces aspirants policiers sont connexes.

Si la devise de la police est de « protéger et servir », en Haïti l’intérêt économique semble primé. Selon les témoignages de certains jeunes, leur intégration dans l’institution policière répond plutôt à un besoin d’emploi urgent dans une alternative contre le chômage.

Ils sont plusieurs, jeunes filles et garçons, très motivés, leurs pièces d’identité en mains s’étalant en file interminable devant les locaux où se déroulent les inscriptions. Ces gens, qui sont pour la plupart des universitaires, des anciens et nouveaux bacheliers, affichent leur vive intention en restant debout pendant plusieurs heures avant de réussir à décrocher un formulaire d’inscription. Ils affirment vouloir faire partie de la police en raison de la situation socio-économique qui prévaut dans le pays. Avec ou sans l’accord de leurs parents, ils sont motivés.

« On n’a pas le choix, on est venu prendre notre chance, on n’a pas d’emploi. Et personne ne vient à notre secours. L’intégration dans la police est une des occasions de sortir du chômage accru et féroce », témoigne un jeune garçon admis en classe de philo.

« C’est pour la deuxième fois que je viens m’inscrire. La première fois, j’étais en classe de seconde et je suis tombé dans l’épreuve de l’interview pour avoir répondu à des questions pièges. Cette fois, j’espère être parmi les retenus », souligne-t-il.

« Cela fait deux ans que j’ai bouclé mes études secondaires. Depuis lors, je n’ai pas pu poursuivre mes études à cause des moyens limités de mes parents. Alors je pense que la police pourrait m’aider à s’ouvrir au monde », souhaite encore un jeune homme au visage fatigué d’avoir trop longtemps attendu avant d’obtenir son formulaire d’inscription.

« Intégrer l’institution policière est l’unique issue pour moi. Je n’ai pas d’autres choix, s’il faut me prendre en charge, je suis obligé de devenir policier contre le gré de mes parents. C’est une évidence que nous impose la réalité économique haïtienne », confie un jeune étudiant qui a déjà bouclé ses quatre ans d’études universitaires.

Un constat évident, visiblement, mardi soir, il était 8 heures, certains jeunes ont même resté accotés en ligne devant la barrière du DEFP (direction des écoles et de formation permanente de la police nationale) une façon de s’assurer de leur inscription tôt au lendemain.

En fait d’inscription, c’est plutôt une liste de potentiels candidats que l’institution policière veut constituer. Les formulaires d’inscription, une fois retirés, le postulant peut la rendre n’importe quand au local où il l’a pris. L’administration centrale de la PNH choisira, à sa discrétion, le nombre et les noms des personnes qu’elle interrogera lors du plus prochain recrutement.

La distribution des formulaires d’inscription pour le recrutement de nouveaux policiers a débuté depuis le 23 septembre 2008. Récemment les clés de nouveaux bâtiments ont été remises au directeur de la DEFP. Ces nouveaux locaux répondent mieux aux normes internationales et permettront d’acueillir un plus grand nombre de recrues.

cineusw@yahoo.fr

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