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Technologies de l’information en Haïti : A quand des dispositions concrètes pour passer de la parole aux actes ?

AlterPresse
lundi 22 septembre 2008

Par Jean-Marie Raymond NOEL, Ing., MSc


125 jours après le discours d’ouverture du Sommet HT 2008 lu par le Premier Ministre Alexis au nom du Président Préval, où en est-on ? Je vois déjà des têtes se dresser, j’entends déjà des voix s’élever pour me dire : « Ecoute, le pays a d’autres priorités ! » Mais d’autres priorités, pour quoi ?

pour relancer la production nationale ?
pour créer de nouveaux emplois ?
pour mieux maitriser les paramètres environnementaux ?
pour informer à temps les populations ?
pour désenclaver les départements ?
pour renforcer la sécurité publique ?
pour mieux gérer l’aide externe ?
pour dynamiser l’action gouvernementale ?
pour réformer l’état ?
pour réduire la corruption ?
pour protéger l’environnement ?
pour accroître l’inclusion sociale ?
etc.

Dans tous ces cas, les technologies de l’information et de la communication peuvent voler au secours des responsables. S’est-on une fois demandé pourquoi le pays voisin, la République Dominicaine, avec un taux de croissance du PIB aussi élevé (lequel est passé de 1,64% en 2000 à 9,3% en 2005-2006, et 6,2% au premier trimestre de 2008), s’intéresse autant à ce secteur ? A quand finalement l’intégration de ces outils dans les politiques publiques ? A quand des dispositions concrètes pour passer de la parole aux actes ? Quel est le suivi donné à l’invitation lancée le 15 mai 2008 par le Président de la République ? « J’invite donc les prestataires de services, les centres techniques, les universités, les professionnels du secteur à travailler ensemble afin de transformer les nombreux cybercafés distribués à travers le pays, les laboratoires des écoles en de véritables centres de production de biens et de services dans les nouvelles technologies.

J’invite les acteurs des TIC à mieux mettre à profit la bonne pénétration du téléphone cellulaire pour assigner à cet outil de plus en plus présent dans nos villes et nos villages, des fonctions plus structurées comme celle de servir par exemple d’instrument d’alerte précoce lors des saisons cycloniques, ou de canal de sensibilisation ou de prévention contre des pandémies, ou même celle de support à la production de services. »

Quel est le statut actuel de cette annonce du Président ?

« Je vous annonce donc, comme je viens de le faire pour d’autres secteurs comme l’éducation, le sport, la justice, la création d’un Groupe de travail multisectoriel sur les technologies de l’information dont le mandat sera de produire un agenda d’actions innovantes appelé à dynamiser l’industrie des nouvelles technologies en Haïti. »

A l’heure où il faut engager le pays dans la voie des réformes nécessaires à la croissance, il est navrant de constater que les télécommunications et les technologies de l’information et de la communication en général ne sont pas considérées - DSNCRP et Déclaration de politique générale confondus - ni comme une infrastructure vecteur de croissance comme le transport et l’électricité, ni comme un moyen transversal pouvant aider à la réalisation d’objectifs de développement humain.

A quoi s’en tenir donc ? Pas question qu’on attende mai 2009 pour dresser un bilan d’inactions. Il nous faut poursuivre le plaidoyer et aussi l’action, chacun en ce qui le concerne, malgré la morosité ambiante. Il nous faut tourner dos à la fatalité, et continuer à exiger des Pouvoirs publics des actions directes visant à renforcer le potentiel du pays en matière de communication. C’est aussi à ce prix que le pays accueillera des investissements générateurs d’emploi.

Il importe que les acteurs du secteur privé et des universités en particulier se remobilisent pour faire inscrire dans les pratiques politiques la bonne habitude de passer de la parole aux actes.

Contact : raymond.noel@fds.edu.ht

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