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Haïti : Gonaïves, deux semaines après le déluge !

Source: United Nations Stabilization Mission in Haiti (MINUSTAH)
Date: 19 Sep 2008

Sévèrement frappée par les récents ouragans, la ville des Gonaïves se remet difficilement des inondations, deux semaines après leur passage. La Cité de l’indépendance présente désormais un paysage envahi par la boue, qui fait craindre des problèmes de santé, parallèlement à l’urgence alimentaire. Sur place, aux cotés de la population, les acteurs humanitaires s’activent toujours…mais le défis reste presque entier.

Deux semaines sont passées depuis ces terribles inondations, tour à tour occasionnées par Fay, Gustav, Hanna et Ike. Ces ouragans abandonnent derrière eux une population durement éprouvée. En effet, le dernier bilan de la Direction de la Protection Civile Gonaïves fait état de 149 morts, 50.000 familles sinistrées, 65.000 familles hébergées et environ 13.000 maisons détruites ou endommagées…

Aujourd’hui, le niveau de l’eau a baissé, cédant désormais la place à une autre réalité : la boue. Certains quartiers de la ville restent impraticables, notamment à cause de ce dépôt de terre humide qui s’élève, par endroits, à plus d’un mettre de hauteur, dégageant une odeur puante.

Partout au centre ville, nombreuses sont les familles qui tentent, avec les moyens du bord, de dégager la boue de leur maison. Mais dans certains quartiers, la vie se déroule encore sur le toit des maisons. «Je ne sais pas si je pourrai encore vivre ici », déplore un Gonaivien, qui dit ignorer tout de « ce qui pourrait encore arriver ».

Face au défi humanitaire

Les acteurs humanitaires se déploient inlassablement pour faire face aux urgences du moment. Parmi eux, l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OMS/OPS), qui y effectue un travail de «coordination, de prévention et d’évaluation » sur le plan sanitaire.

Pour renforcer la surveillance épidémiologique dans cette ville, l’OPS/OMS y a dépêché un épidémiologiste, mais également un médecin coordonateur. Ce dernier a pour rôle d’une part d’ « identifier les acteurs de la santé évoluant sur le terrain afin de vérifier que leurs actions concordent avec les directives de la Direction Départementale du Ministère de la Santé Publique, d’autre part de donner des avis techniques concernant les besoins de la population ». Sur place, plus de 4000 puits individuels ont été souillés. Aussi, un ingénieur en eau potable a-t-il également été envoyé sur place afin d’améliorer le processus de traitement de l’eau.

De plus, l’OPS/OMS participe, par un apport financier, à la lutte anti-vectorielle aux Gonaïves. «Nous tentons de rétablir la structure sanitaire des centres de santé en accord avec le Ministère de la Santé Publique et nous appuyons le service de santé de la prison », comme l’explique Jean Philippe Breux de l’OPS/ OMS. Cette agence contribue aussi à la mise sur pied de six centres de santé dans différents quartiers de la ville, ce parallèlement aux consultations mobiles organisées au bénéfice de ceux qui ne peuvent pas se déplacer. Au total, on enregistre près de 1.100 consultations par jour.

«Nous avons déjà distribué 2600 kits d’hygiène, 200 kits de cuisine et 9000 jerricans. On espère recevoir sous peu d’autres Kits retenus à Port-au-Prince en raison de la priorité accordée aux produits alimentaires dans le cadre de l’urgence. Ils seront distribués aux autres communautés rendues inaccessibles par l’eau et la boue. Des moustiquaires, des matelas et des draps sont également attendues», comme le fait remarquer Bakary Doumbia, responsable de l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM)

Pour sa part, le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) a favorisé l’installation de 20 sanitaires. Il a également fourni 1500 kits hygiéniques et 3 kits d’accouchement, niveau hôpital qui couvre 50.000 déplacés par kit. Le FNUAP a également organisé une journée de don de sang volontaire à son siège, à Port-au-Prince, le 17 septembre. En partenariat avec le Ministère de la Jeunesse et des Sports, elle compte en outre participer au nettoyage de la ville.

Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNCEF) n’est pas non plus en reste. Au total, 40.000 enfants ont déjà bénéficié de l’aide apportée, des kits de jeu, des tablettes de purification d’eau, de l’eau potable. D’autres actions sont en perspective, notamment le support au Ministère de l’Education Nationale pour la réhabilitation et le nettoyage des établissements scolaires en prévision de la rentrée du 6 octobre.

Ambassadrice de bonne volonté de l’UNICEF, l’actrice américaine Mia Farrow, se joindra également aux efforts des Nations Unies, en visitant la ville des Gonaïves le 20 septembre pour y constater l’ampleur des dégâts, mais également pour apporter un peu de réconfort aux femmes et enfants sinistrés.

Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a déjà organise, par le biais de la CARE et de la CARITAS, plusieurs distributions. Quotidiennement, des agents de la Caritas et de Care distribuent par quartier des cartes donnant accès, par famille, à 25 kg de riz, 7 kg d’haricot et ½ litre d’huile. Depuis le début des opérations, plus de 300 tonnes de vivres ont été distribués à plus de 70.000 personnes.

Par ailleurs, les casques bleus de la MINUSTAH ont distribué un total de 2. 852.300 rations alimentaires provenant également du PAM, ainsi que 21.710 litres d’eau potable dans des écoles, prisons orphelinats et centres d’hébergements de la ville. La MINUSTAH poursuit en outre son appui logistique. Aussi a-t-elle transporté 127 tonnes d’eau, de nourriture et matériel médical de divers Organisation Non Gouvernementale et d’agences des Nations Unies.

Au bénéfice de la population, l’aide de toute nature afflue également de partenaires de la communauté internationale, tels le Japon ou le Canada. D’autres bonnes volontés entrent dans la dance, c’est le cas de l’Organisation internationale Télécoms Sans Frontières (TSF) qui offre, depuis le début de cette semaine, un service d’appels téléphoniques gratuits aux sinistrés. Grace à un dispositif mobil et léger, la TSF arrive à apporter ce service dans différents abris provisoires de la ville.

Dans le cadre des distributions de l’aide humanitaires, ONGs et Agences des Nations Unies font face à deux grands obstacles : trouver les points de distributions fiables et atteindre les vraies victimes. Comme on le voit, les efforts vont bon train pour alléger les souffrances de populations. Mais le chemin à parcourir pour y arriver semble encore en long, devant l’immensité des dégâts.

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