lundi

Haiti : Contre les tartufferies politiques actuelles…

AlterPresse
lundi 1er septembre 2008
Débat
Par Gary Olius

Mémo aux élites haïtiennes

La petitesse des dirigeants politiques haïtiens me porte à apprécier la grandeur de l’establishment américain. Je le savais déjà, là-bas le pouvoir se porte dans la tête et il est un objet pensé tandis qu’ici on le porte dans le « dada » et il est seulement source de plaisir, on le gère sans le moindre scrupule. Les Etats Unis sont en train de donner au monde entier une leçon inoubliable et apportent une nouvelle preuve qu’ils abritent incontestablement la plus grande nation des temps modernes. Je suis resté pantois en écoutant le discours d’Hilary Clinton et je me suis même laissé aller aux larmes. D’aucuns disent qu’il s’agit d’une simulation pour la consommation du tiers-monde, mais je refuse d’y croire car tout « faire semblant » à sa limite (tou manti pa fon). En dehors de toute considération coloriste, je n’ose pas penser que la montée fulgurante de Barak Obama fait partie d’une mise en scène savamment préparée. Dans cette logique, je concède à Hilary une grande capacité de dépassement. A mon sens, tout ce qu’elle disait laissait transpirer une certaine sincérité. On me qualifierait peut être de naïf, mais je préfère la naïveté à la paranoïa.

Sous un registre contraire, ce qui se passe en Haïti apporte au monde entier la preuve quasi-irréfutable que nous nagerons encore pendant longtemps dans la petitesse. Pourtant, on nous connaissait mondialement grands, pour notre histoire et notre culture. Je parle à l’imparfait et je le fais sciemment. En mon âme et conscience. Cette histoire et cette culture ne sauraient métamorphoser nos bassesses et tartufferies politiques. Elles ne sauraient non plus être considérées comme une loupe qui pourrait transformer notre petitesse en grandeur incontestable. Ceux qui nous observent, n’étant pas aveugles, ils voient à l’œil nu ce que notre élite politique produit et reproduit. Le constat est patent, nous sommes vraiment petits devant l’immensité de nos bêtises…

Je parle d’Haïti en faisant allusion aux Etats-Unis, je ne fais pas de comparaison. Je pourrais aussi parler du peuple haïtien relativement au peuple américain. Il ne s’agit pas de comparaison d’un colibri avec un aigle, mais un recours à un principe établi : la relativité générale. Elle existe et elle est là pour nous permettre aussi de prendre la dimension des choses. Que ceux qui ne sont pas convaincus aillent lire le texte d’Albert Einstein « comment je vois le monde » et ils verront, entre autres, une allusion que le père de la relativité générale fait de l’Allemagne nazi par rapport aux Etats-Unis.

Souffrant atrocement des politicailleries qui se font en Haïti, je ne fais jamais de concession aux dirigeants haïtiens ; je connais leur petitesse et je les considère tous comme pareils, même camouflés sous des apparats idéologiques. Toutefois, je me pose toujours une interrogation à laquelle je ne trouve pas encore un élément de réponse. Est-ce une question d’équilibre du continent qui fait que les américains projettent sans effort cette image de grandeur pendant que les élites haïtiennes ne jurent que par la petitesse ? Il me parait que ce jeu des contraires peut servir à quelque chose et j’y vois plus qu’un simple contraste entre l’aigle, le big apple, l’oncle Sam (La grandeur comme référence) d’une part et le colibri, le tikoridò et le Ti roro… d’autre part (la petitesse comme référence) ; bien que notre histoire nous apprend qu’il n’y a eu ni un Ti Dessalines ni un Ti Louverture.

Je ne suis pas anthropo-sociologue et je ne trouverai jamais une réponse à cette question qui est mienne, mais étant matheux je sais qu’ en partant à l’assaut d’une réalité ou d’une chose à coup de questionnements on finira tôt ou tard par accéder à sa choséité. Déjà je présume que l’essence de cette insupportable situation qu’on est en train de vivre tient en ceci : le pouvoir en Haïti, parce qu’on le porte dans le dada, il est excessivement jouissif et on est prêt à tout pour le garder. Il convertit ses tenants en des épicuriens de troisième génération qui n’hésiteront même pas à mettre en péril l’existence de toute une nation rien que pour conserver le plaisir que procure le pouvoir. C’est une lecture parmi tant d’autres, et j’attends celle des experts.

Du reste, on aura du mal à me convaincre qu’il existe une quelconque vertu dans l’âme des politiciens haïtiens. Hors des espaces de pouvoir politique, ils sont des farouches défenseurs de la constitution et détenteurs de ce même pouvoir, ils découvrent subitement qu’après avoir épuisé leur quota d’autorité cette loi est inacceptable et est la source de tous les maux du pays. C’est très tentant de s’accrocher vitam aeternam a un pouvoir jouissif, Duvalier le savait et assumait pleinement sa posture dictatoriale. Les anti-duvaliéristes d’hier, qui se veulent aujourd’hui démocrates, le savent aussi. Les délices du pouvoir politique les plongent dans une ivresse telle qu’ils trouvent dégoutant le jeu démocratique. Ils s’agitent à tribord et à bâbord pour imposer leur agenda personnel au reste de la société. Un jour ou l’autre, les jouissances du pouvoir les feront perdre la commande de leur langue et dévoileront inconsciemment leur projet. Et, alors la communauté internationale finalement saura…

Contact : golius@excite.com

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