samedi

René Préval relance son projet de réforme constitutionnelle

La constitution de 1987 entretiendra l’instabilité en permanence, soutient le Président qui se prononce pour la réduction du quorum au Sénat

jeudi 21 août 2008,

Radio Kiskeya

Le Président René Préval a annoncé que son plus prochain combat sera celui d’une campagne de promotion en faveur de l’adoption d’une nouvelle constitution destinée à remplacer celle de 1987 en vigueur qu’il a présentée comme une source potentielle d’éternelle instabilité en Haïti.

« La plus grande bataille que je vais mener sera celle de convaincre les haïtiens de la nécessité de doter le pays d’une nouvelle constitution », a affirmé avec détermination le chef de l’Etat haïtien dans une interview exclusive à Radio Ibo, une station privée de Port-au-Prince, en marge de sa participation samedi dernier à Santo Domingo à la cérémonie d’investiture de son homologue dominicain Leonel Fernàndez.

Prenant en exemple la volonté du premier mandataire dominicain de réduire dans son pays la fréquence des élections, René Préval, interrogé par notre confrère Hérold Jean-François, a insisté sur la nécessité d’unifier le système électoral à la fois dans une perspective de stabilité politique et de réduction des dépenses de l’Etat au profit d’activités productives. Précisant que d’ici 2011, Haïti devrait s’engager dans l’organisation de quatre consultations présidentielles et législatives, le Président a souligné que le prochain renouvellement du tiers du Sénat coûtera 15 millions de dollars alors que le même montant pourrait servir à l’achat d’engrais pour stimuler la production agricole nationale.

Dans sa radiographie des « dysfonctionnements et anomalies en cascade » générés par la charte fondamentale, M. Préval a évoqué l’ingouvernabilité des plus petites entités territoriales en raison d’une inflation d’instances de pouvoir et l’absence d’un gouvernement légitime à la tête du pays quatre mois après l’éviction du Premier ministre Jacques-Edouard Alexis.

Revenant à la charge plusieurs mois après les premières tentatives d’articulation de son projet de réforme constitutionnelle, le chef de l’Etat souhaite un « débat serein et sans peur » sur la question non sans rappeler l’extrême complication des procédures d’amendement prévues dans la constitution actuelle.

Sur un plan plus conjoncturel, René Préval soutient totalement les positions affichées par certains Sénateurs proches de l’Exécutif, en particulier Jean Hector Anacacis (Ouest/Lespwa), visant à faire passer de 16 à 10 Sénateurs le quorum de la Chambre haute qui ne compte plus que 18 membres sur un effectif de 30 au départ. « L’effectif du corps est celui des membres présents », a fait ressortir le chef de l’Etat tout en rejetant sur le discrédit moral ayant affecté l’ancien Conseil Electoral Provisoire (CEP) la non-tenue des Sénatoriales partielles depuis plusieurs mois.

Il a aussi déploré la faiblesse des partis politiques, des interlocuteurs qui sont, selon lui, en « perte de représentation politique » à cause de leur incapacité à contrôler leurs représentants au Parlement. Se plaignant du fait que l’avenir du pays dépendait des caprices de deux ou trois Sénateurs, Préval s’est toutefois engagé à faire tout son possible en vue de trouver, de concert avec le Premier ministre ratifié, Michèle Pierre-Louis, une issue heureuse aux négociations et de parvenir à la formation d’un nouveau gouvernement.

Ces nouvelles déclarations du Président de la République surviennent au moment où certaines forces politiques semblent se préoccuper de la survie ou non du Sénat menacé d’implosion ou de son éventuelle instrumentalisation politique à terme.

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