dimanche

Le coup raté de l'Exécutif

Le Nouvelliste
28 Août 2008


Le meurtrier ouragan Gustav aurait aidé à « déjouer un coup de l'Exécutif » qui voulait procéder à l'installation de Michèle Duvivier Pierre-Louis avant même la présentation de sa politique générale au Parlement. Parlementaires et dirigeants politiques sont aux aguets !







Le Premier ministre, Michèle D. Pierre-Louis











Le président de la République, René Préval



La séance de ratification de l'énoncé de politique générale du Premier ministre Michèle D. Pierre-Louis est fixée à vendredi à la Chambre basse. La décision survenue après une tentative avortée de procéder à l'installation du Premier ministre ratifié à la Villa d'Accueil a été prise au cours d'une rencontre tenue jeudi avec la Concertation des Parlementaires progressistes (CPP). Programmée pour ce jeudi, la séance a été différée à cause du passage de l'ouragan Gustav en Haïti.

Certains parlementaires se montrent, cependant, pessimistes quant à la tenue de la séance vendredi. « Très peu de députés sont présents à la Chambre, je ne sais pas si la séance va pouvoir se tenir demain », a dit le député Lutherking Marcadieu. Si les parlementaires de l'OPL avaient, il y a une semaine, convenu de ratifier l'énoncé de politique générale de Mme Pierre-Louis, à moins de 24 h de la séance, le discours a changé. « Je ne peux rien affirmer maintenant, a lâché le député Marcadieu. Nous allons nous concerter pour prendre une décision. »

La tentative de l'Exécutif de donner investiture au nouveau gouvernement sans la ratification de l'énoncé de politique générale du Premier ministre par les deux Chambres séparément est l'élément avancé par le député Marcadieu pour expliquer sa position. « L'Organisation du peuple en lutte, dont je suis membre, ne peut pas entrer dans une dynamique de violation de la Constitution », a avancé le parlementaire.

L'investiture du nouveau gouvernement devait se dérouler mardi dernier au Palais nationale. L'annonce a été faite en grande pompe lundi soir par les médias de la capitale. La nouvelle a eu l'effet d'une bombe dans le milieu politique. « Le président Préval et Michèle D. Pierre-Louis ont réalisé un coup contre la Constitution, a dénoncé le coordonnateur de l'OPL, Edgar Leblanc. Mme Pierre-Louis n'a plus la confiance du parti. »

Plus amer, le porte-parole de la FUSION, Micha Gaillard, a qualifié la décision de l'Exécutif d'antidémocratique. « Nous lançons un appel démocratique au chef de l'Etat, car l'installation du gouvernement sans l'aval du Parlement va plonger le pays dans une nouvelle crise », a-t-il affirmé avant de rappeler que la Constitution de 1987 n'a pas créé un régime présidentiel.

L'investiture du nouveau chef du gouvernement et de son cabinet ministériel n'a pas eu lieu, comme le souhaitaient les chefs de file des partis politiques. Ce n'est pas pourtant leur appel démocratique qui a poussé le président Préval à changer d'avis. « L'installation du nouveau Premier ministre est reportée en raison des intempéries, a annoncé le responsable du bureau de presse de la Primature, Decollines Abel, aux journalistes qui s'apprêtaient à couvrir l'évènement. Aucune date n'est pour l'instant prévue pour l'entrée en fonction du chef du gouvernement. »

Le report de la cérémonie d'investiture du nouveau gouvernement n'a pas suffi à faire taire les détracteurs de Mme Pierre-Louis qui a dû intervenir sur les ondes d'une station de radio pour se défendre. « Il ne s'agissait pas d'une cérémonie d'investiture proprement dite, mais de passation des pouvoirs », a-t-elle expliqué. Le président Préval, a-t-elle poursuivi, lors d'une réunion au Palais national, a expliqué, en ma présence, aux représentants des partis politiques qu'il avait le droit d'installer le nouveau gouvernement avant la présentation de l'énoncé de politique générale, et personne n'avait protesté.

Ni les leaders politiques, ni les parlementaires ne se laissent pas convaincre pas les explications de Michèle D. Pierre-Louis. Même les députés membres de l'Union des parlementaires pour le développement national (UPDN), qui depuis le début du processus ont toujours appuyé le choix du nouveau Premier ministre, laissent planer des doutes sur leur vote. « Notre vote à la séance de demain dépendra de la rencontre que nous allons avoir avec le Premier ministre cet après-midi, a dit un responsable du bloc interrogé par le journal. Nous sommes pour le respect scrupuleux de la Constitution. »

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